
Le sphinx et l’orchidée
La reproduction par entomogamie (pollinisation par les insectes) est le plus souvent privilégiée chez les plantes à fleurs. Les insectes sont attirés par les couleurs et odeurs dégagées par les plantes en fleur lors de la belle saison. De plus les Orchidées mettent à disposition des insectes du nectar secrété par des nectaires et stocké au fond de leur éperons (l’insecte devra passer sa trompe à travers ce tube afin d’atteindre le nectar). Cependant, cette donation n’est pas dénuée de tout intérêt. L’insecte va dérouler sa trompe pour essayer d’atteindre le nectar (des fois sans succès). Durant cette phase où le petit insecte va s’acharner à aller le plus loin possible dans le tube, un système de balancier activé par ce dernier va gentiment déposer deux sacs polliniques (sacs contenant le pollen) sur sa tête ou son abdomen. Ce pollen sera déposé lors du passage de l’insecte sur une autre fleur.
Et oui ! La taille ça compte aussi.

Il existe souvent un phénomène de coévolution entre les plantes et les insectes (les deux espèces évoluent ensemble et s’influencent réciproquement, souvent en essayant de surpasser les défenses de l’autre). Pour une espèce d’orchidée donnée, la taille et la longueur de l’éperon se sont adaptées à un type d’insecte.
L’un des exemples le plus impressionnant est celui de l’étoile de Madagascar (Agraecum sesquipedale) et d’un sphinx (Xanthopan morgani praedicta). C’est une orchidée pas comme les autres ce qui implique qu’elle soit butinée d’une manière bien spéciale. En effet, cette orchidée possède de grandes feuilles blanches en forme d’étoiles et un éperon qui peut atteindre plus de 30 centimètres de long. La longueur de l’éperon laissait présager l’existence d’un papillon possédant une trompe de la même taille. C’est la prédiction que fit Charles Darwin quand on lui présenta, en 1862, l’Agraecum sesquipedale, prédiction qui engendra le scepticisme chez beaucoup de scientifiques de son époque. Ce n’est que quarante ans plus tard, en 1903, que l’on découvrit un grand papillon nocturne doté d’une trompe de 22 centimètres et que l’on nomma Xanthopan morgani praedicta en hommage à la prédiction de Darwin. Cet insecte est le seul à pouvoir atteindre le nectar situé au fond de l’éperon de la plante. Il faut imaginer que la trompe de l’insecte fait plus de trois fois sa propre taille. C’est assez impressionnant de le voir dérouler sa trompe, je vous laisse en juger avec cette vidéo.


Butinage de l’orchidée vu par Pascal Le Roch (© P. Le Roch/MNHN)
Un cas de coévolution est illustré ici par une orchidée et son pollinisateur, un sphinx. La fleur possède un nectaire (tube) très long qui peut atteindre plus de 30 centimètres tandis que l’insecte est doté d’une trompe presque aussi longue qui lui permet d’accéder au nectar situé au fond du nectaire. D’après Darwin, la plante et l’animal se seraient adaptés l’un à l’autre au cours du temps. Selon une autre hypothèse récente, l’allongement du nectaire serait une réponse de l’orchidée à la trompe du papillon.
Quelques références :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Angraecum_sesquipedale
http://www.docsciences.fr/Le-sphinx-et-l-orchidee
Références des images :
Photo Agraecum sesquipedale : http://www.infojardin.com/foro/showthread.php?t=190627
Schéma : http://www.docsciences.fr/Le-sphinx-et-l-orchidee
Dessin : http://www.botanischergarten.ch/web/boga/bluehende_pflanzen/bluehende_pflanzen10.html
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